Les coureurs du Tour de France peuvent parfois être une force de la nature lorsqu’ils escaladent les plus grandes montagnes, courent contre la montre ou défient des vitesses fulgurantes lors des sprints en peloton. L’étape d’aujourd’hui nous permet d’approfondir la force de la nature en nous penchant sur les forces gigantesques qui ont créé les chaînes de montagnes.
Nous sommes en Auvergne-Rhône-Alpes, une région de l’est de la France. L’étape d’aujourd’hui, longue de 152 kilomètres entre Annemasse et Morzine, propose deux grandes ascensions. Le col de la Ramaz et le col de Joux Plane dépassent tous deux les 1600 mètres. Cette étape entre dans la partie la plus occidentale des Alpes françaises. Ils se sont formés à la suite de la collision entre la plaque tectonique africaine, au sud, et la plaque tectonique eurasienne, au nord. Cette collision a commencé il y a environ 35 millions d’années et se poursuit encore aujourd’hui. Oui, elle est toujours en cours. La plupart des paysages emblématiques de cette région de France, de Suisse, d’Italie et d’Autriche sont le résultat de cette collision continentale. Elle a entraîné l’épaississement et la déformation de la croûte terrestre.
Gros rocher
Peu après avoir quitté Annemasse en direction de l’est, les coureurs entreront dans le Géoparc du Chablais. Il s’agit d’un géoparc mondial de l’UNESCO, comme Zumaia de l’étape 3. Il expose des roches qui témoignent de plus de 250 millions d’années d’activité géologique. Cela comprend la formation et le soulèvement des Alpes et leur dénudation ultérieure par les glaciers qui ont creusé de profondes vallées.
Au nord-ouest de Bons-en-Chablais se trouve une attraction touristique populaire connue localement sous le nom de “Pierre à Martin“. Le bloc rocheux lui-même est une roche métamorphique appelée gneiss. Il ne ressemble guère aux équivalents locaux. En fait, les géologues suggèrent que le bloc a été transporté depuis le Valais, où se trouve le Cervin, à environ 100 km de là.
Comment ce bloc massif a-t-il pu parcourir une telle distance ? Les roches de ce type sont courantes dans les régions qui ont connu des glaciations dans un passé géologique récent. La glace est un phénomène naturel puissant qui peut transporter des roches lourdes sur de longues distances lors de la migration d’un glacier. Lorsque le glacier fond, il dépose sa charge géologique sur le paysage en contrebas. Ces roches tombées, comme la Pierre à Martin, sont appelées blocs erratiques. Ils sont utiles aux scientifiques qui cherchent à recréer les climats du passé. Par exemple, l’étude minutieuse de l’origine des blocs erratiques peut révéler comment les glaciers se sont déplacés au cours des périodes glaciaires précédentes.
Une force de la nature diabolique
A peu près à mi-parcours de cette étape, de l’autre côté du Mont Billat, se trouve la commune de La Vernaz. Elle abrite les Gorges du Pont du Diable, situées sur la rivière Dranse. Les gorges témoignent de la puissance érosive et de la force de la nature, qui peut agir lentement et régulièrement pendant des millions d’années. Les contreforts des Alpes en Haute-Savoie sont constitués de calcaire, une roche relativement tendre qui s’altère facilement.
Les Gorges du Pont du Diable présentent des parois quasi verticales de 50 mètres de haut. Elles ont été creusées par des rivières sous-glaciaires qui passaient sous les glaciers alpins lors de la dernière période glaciaire. Aujourd’hui, les gorges accueillent la Dranse, qui se jette au nord dans le lac Léman. L’une des principales attractions de la région est un bloc de roche isolé, coincé entre les parois de la gorge. Il est situé à environ 30 mètres au-dessus de la rivière. Il s’agit probablement d’un erratique glaciaire qui est tombé dans cette position alors que la rivière en aval continuait d’éroder et d’approfondir la gorge, ce qui forme une arche imposante. Il est connu localement sous le nom de “Pont du Diable”. Il peut être utilisé pour passer d’un côté à l’autre.
Orogénie, ou formation de montagnes
La ligne d’arrivée de l’étape 14 est à Morzine. Avant que les coureurs ne fassent la fête, ils doivent franchir le col de la Ramaz et le col de Joux Plane, qui culminent tous deux à 1600 m d’altitude. Ces pics sont la preuve évidente des immenses forces géologiques impliquées dans la création de chaînes de montagnes, telles que les Alpes et l’Himalaya. L’enveloppe extérieure rigide de la Terre – la lithosphère – est divisée en plusieurs plaques de tailles différentes. Ceux-ci se déplacent indépendamment sur sa surface. Lorsque deux plaques convergent, des contraintes de compression extrêmes soulèvent et déforment le matériel sédimentaire coincé dans la zone de collision, formant ainsi des plis. Ces roches sont enfouies et chauffées, et se métamorphosent.
Morzine elle-même est célèbre pour son ardoise. Il s’agit d’un équivalent métamorphique de faible qualité d’un mudstone. On la trouve dans les falaises qui surplombent la Vallée de Sous le Saix. L’ardoise a été extraite de cette région et utilisée comme pierre de construction locale pendant plus d’un siècle, entre 1856 et 1963. Les roches métamorphiques qui composent le plan du col de la Ramaz et du col de Joux sont des schistes et des gneiss à plus haute température, mais elles se sont probablement formées à partir de sédiments du plancher océanique qui ont participé malencontreusement à la formation de la ceinture orogénique alpine.
Dans cette vidéo, Douwe utilise du fromage pour expliquer les processus orogéniques dans les Alpes.