Cuisses de grenouille et pieds de dinosaure au menu de l’étape 13. Aujourd’hui, la région plate de la Dombes, au-dessus du bassin de la Bresse, se transforme lentement en montagnes tortueuses du Jura. Le bassin de la Bresse et le Jura sont tous deux issus de la collision entre le continent africain et l’Eurasie. Cela a commencé il y a environ 50 millions d’années, lorsque la plaque africaine avançant vers le nord est entrée en contact avec l’Europe.
Le bassin de la Bresse s’est formé dans le cadre d’une longue et étroite entaille s’ouvrant de la Méditerranée à la mer du Nord. Dans la fosse, ou graben, des mers peu profondes s’évaporent régulièrement. À cette époque, le climat était extrêmement chaud en raison des niveaux élevés deCO2. Lorsque les connexions avec les mers se sont fermées, des marais salants géants et très plats se sont formés. Le graben a continué à s’enfoncer et s’est rempli de couches de sel d’un kilomètre d’épaisseur jusqu’à il y a 20 millions d’années.
Ensuite, il ne s’est pas passé grand-chose. C’est pourquoi les marais salants se trouvent aujourd’hui non loin en dessous de la région plate. Cependant, nos courreurs ne doivent pas s’attendre à ce l’étape ressemble aux pistes de course des Bonneville Salt Flats (Utah). En fait, ils pourraient être surpris par la topographie des badlands (mauvaises erres). Au cours de la dernière période glaciaire, il y a 25 000 à 10 000 ans, les glaciers descendant des Alpes ont creusé des tranchées et transporté des roches sur leur dos. En fondant, elles ont recouvert les plaines de “moraines”, de grands amas de roches formant des collines.
Pattes de grenouille
Les coureurs se faufileront autour de ces moraines et tranchées abritant aujourd’hui des centaines d’étangs qui caractérisent cette région bucolique de la Dombes. Il y a plus de mille ans, des moines astucieux ont commencé à utiliser ces étangs pour pêcher. Mais pas seulement les poissons ! Ce sont les cuisses de grenouille qui les ont rendus célèbres. Les moines les ont vendus à la ville de Lyon lorsque la nourriture s’est raréfiée.
Les coureurs commenceront à grimper à Ambérieux-en-Buguey. C’est précisément l’endroit où se trouve la faille qui fait chevaucher les montagnes du Jura sur le bassin de la Bresse. Le Jura s’est formé à la périphérie des Alpes qui se sont soulevées lorsque l’Italie s’est déplacée vers le nord de la France. C’était comme un bulldozer qui poussait le sol vers l’avant. Devant le bulldozer alpin, d’anciennes couches de sédiments enfouies dans les profondeurs de la Terre ont été pliées, comprimées, remontées à la surface et poussées sur le bassin de la Bresse.
Quelqu’un veut-il un cocktail ?
A Culoz, au pied de la dernière et plus sérieuse montée du Grand Colombier, les coureurs se heurteront à des couches blanches de sédiments calcaires très anciens. Elles contiennent des fossiles de récifs montrant les conditions qui prévalaient lorsque ces roches se sont formées et qui ressemblent à celles des Bahamas. La montée raide qui serpente en lacets le long de la route les conduira à travers ces couches de calcaire blanc qui sont plissées le long de la route. Ces plis témoignent des forces tectoniques qui ont formé ces montagnes et ajoutent au paysage vertigineux et dramatique. Ces sédiments sont visibles dans les montagnes du Jura d’une manière magnifique. C’est ainsi que les premiers géologues ont donné au Jura le nom de la période jurassique (il y a 201 à 145 millions d’années) et de ses célèbres dinosaures.
De grands pieds de dinosaures
Les cyclistes traverseront la majeure partie de la période jurassique, qui s’étend sur 54 millions d’années. Lorsqu’ils atteindront enfin le sommet, ils verront les roches du Jurassique supérieur. Ils portent les fossiles qui constituent le bestiaire de Jurassic Park qui parcourait la région. Parmi eux, “Maxime”, un théropode carnivore de la taille d’une autruche qui se déplace sur deux membres. “Odysseus”, un diplodocus de 35 mètres de long et de 35 tonnes sur quatre membres immenses, était également présent. Les pas qu’ils ont laissés derrière eux ont été immortalisés dans la pierre.
La question est de savoir si Ulysse était vraiment aussi grand que les recherches spectaculaires semblent le montrer. La réponse à cette question se trouve à l’étape 19.
