Un verre de vin est synonyme de France. Tout en dégustant un verre de vin, nous voyageons dans le temps pour voir de quoi sont faits les sols sur lesquels poussent les vignobles.
L’étape de plaine d’aujourd’hui, qui relie Mont-de-Marsan à Bordeaux, conduit les coureurs à travers le bassin aquitain, au nord des Pyrénées. Ce bassin est le deuxième plus grand bassin sédimentaire après le bassin parisien. Regardez-la comme s’il s’agissait d’une baignoire géante qui se remplit lentement de sédiments marins, puis continentaux, depuis le Trias inférieur (il y a environ 252 à 201 millions d’années). Une étape plate peut être sans histoire, mais cette région est très intéressante d’un point de vue géologique. Allons-y !
Ammonites
Le type de sédiments dans ce bassin a d’abord été déterminé par le niveau élevé de la mer. Il en résulte des mudstones, des dépôts de roches carbonatées et des marnes. Les calcaires marins déposés au cours du Jurassique inférieur (il y a ~200-180 millions d’années) sont bien connus pour la préservation des ammonites. Ces ammonites sont les fossiles d’un groupe de mollusques marins aujourd’hui disparus. Parce qu’on les trouve ici, on sait qu’il s’agissait autrefois d’un océan.
Les ammonites sont également très utiles en tant que “fossiles index” pour dater les dépôts sédimentaires. L’apparition de certaines espèces est limitée à un intervalle de temps géologique spécifique. Pratiquement toutes les ammonites qui ont prospéré au cours du Jurassique appartenaient à la famille des Psiloceratidae. Ils sont les seuls survivants de l’extinction du Permien et du Trias, il y a environ 251 millions d’années. Cet événement d’extinction a été lié à une grande quantité de CO2 émise par le volcanisme. Cela a entraîné une forte acidification des océans, empêchant la formation des carbonates dont sont constituées les ammonites. Un événement d’extinction plus connu est l’impact d’un astéroïde qui a tué tous les dinosaures. Il a formé le cratère de Chicxulub dans la péninsule du Yucatan (Mexique) il y a environ 66 millions d’années. Les ammonites ont disparu, comme 75 % de toutes les espèces de la planète.
Un verre de vin, ça vous dit ?
Au cours du Miocène (il y a ~23-5 millions d’années), la mer a commencé à transgresser. Cela a modifié le type de sédiments, qui sont passés d’un état principalement marin à un état plus lacustre, puis à des sédiments continentaux. C’est également à cette époque que le réseau fluvial qui draine le Massif central a commencé à se dessiner. Plus précisément, le cours de la Garonne, que l’on suit sur les 55 derniers kilomètres de l’étape, est en place depuis le pliocène (il y a environ 5 à 2,5 millions d’années). La Garonne prend sa source dans les Pyrénées. Il transporte des matériaux rocheux altérés depuis ces montagnes jusqu’à l’estuaire de la Gironde, près de Bordeaux, lieu d’arrivée de cette étape. Sur son chemin, la rivière laisse sur ses rives des matériaux rocheux altérés qui, avec les dépôts marins calcaires sous-jacents, y compris les fossiles d’ammonites, forment les sols parfaits pour la culture du vin.
Le gravier rend le sol perméable. Cela permet à l’eau de pluie de rester dans le sol au lieu de s’écouler, ce qui se traduit par des raisins heureux. Les calcaires sous-jacents fournissent à leur tour du calcium aux sols. Il s’agit d’un élément nutritif essentiel pour la vigne, qui contribue à la fermeté des raisins. La combinaison unique de graviers apportés des Pyrénées par la Garonne et d’argiles et de calcaires déposés lors de conditions marines passées fait que les vins de la région de Bordeaux sont aussi célèbres qu’ils le sont.
Variété locale
Quelques mots sur la première partie de cette étape, qui traverse le parc national de la forêt des Landes. Ce parc couvre une zone recouverte de sables déposés par le vent pendant les périodes de glace froide et sèche du Pléistocène (il y a 2,5 millions d’années – 11,7 milliers d’années).
Les sables ont comblé la dépression laissée par le recul de la mer. Elle a également laissé une zone infertile et humide qui n’était pas attrayante pour les gens, et qui était donc largement inhabitée. La région a été asséchée au cours des 18-19e siècles et transformée en forêt de pins afin de freiner l’érosion du sol sablonneux.
La différence de type et d’âge des sédiments entre la forêt landaise (sables du Pléistocène) et les vignobles (roches altérées des Pyrénées mélangées à des sédiments marins du Tertiaire) sur les rives de la Garonne ne se traduit pas seulement par un paysage et une utilisation des sols très distincts, mais est également bien reconnaissable sur la carte des sols de France.