Étape 7 : Du Jura aux Alpes

La 7e étape emmène le peloton du Jura aux Alpes. Pour être précis, nous allons de Champagnole, dans le Jura, au Grand Bornand, dans les Alpes. Les Alpes volent généralement la vedette dans les courses cyclistes. Elles détournent l’attention du Jura, moins connu. Ce n’est pas exact. Le Jura a beaucoup à offrir. Les pentes notoirement raides du Jura constituent un véritable défi. Mais qu’est-ce que le Jura ? Pourquoi sont-ils si escarpés ? Pourquoi sont-ils séparés des Alpes ? Et comment pouvons-nous utiliser sa géologie pour atteindre nos objectifs en matière de développement durable ? Découvrons-le ! Nous allons du Jura aux Alpes.

T-Rex

Le Jura est une chaîne de montagnes qui s’enroule autour de la moitié occidentale de la Suisse. Il est célèbre pour être à l’origine de la marque de montres Rolex et pour être le plus jeune canton suisse, également appelé Jura. Il y a aussi les falaises de calcaire abruptes qui permettent de faire des montées terrifiantes. Ces calcaires sont saisissants. En 1799, l’année même où Napoléon accédait au pouvoir dans la première République française, ils ont servi à définir toute une période géologique : le Jurassique. Nous l’avons lu hier.

Le logo emblématique des films Jurassic Park.

Plus récemment, cette période géologique a été associée à l’apparition des dinosaures grâce à la série de films Jurassic Park. Spoiler alert : le dinosaure emblématique de la série, le Tyrannosaurus Rex, n’est apparu que 70 millions d’années après la fin du Jurassique. C’est dommage. Pour remettre ce chiffre dans son contexte, le Tyrannosaurus Rex est plus proche dans le temps du Tour de France Femmes que de la fin du Jurassique !

Le calcaire, encore

Malheureusement, le Jura lui-même ne conserve pas beaucoup de fossiles de dinosaures. Les calcaires se sont formés sous forme de sédiments carbonatés dans la mer qui séparait l’Europe et l’Italie à l’époque où le supercontinent Pangée se disloquait.

Les fossiles conservés dans certains calcaires vivaient dans des eaux tropicales peu profondes. Au Jurassique, le Jura ressemblait donc aux Bahamas. De temps à autre, le niveau de la mer s’élevait, et les sédiments carbonatés étaient alors recouverts d’une boue plus rougeâtre (nous y reviendrons !).

La formation du Jura résulte de la convergence des plaques africaine et eurasienne. En poussant l’Italie vers le nord, l’Afrique a poussé les roches des Alpes centrales vers le haut, créant ainsi les Alpes et le Jura. Nous vous en dirons plus sur la 16e étape du Tour de France 2023. Mais si le Jura s’est formé par le même processus géologique que les Alpes, pourquoi les coureurs doivent-ils traverser le plateau suisse qui les sépare ?

Image satellite du Jura, du Plateau suisse et des Alpes occidentales. Adapté de Wikimedia.

Plateau

Pour comprendre ce plateau entre le Jura et les Alpes, il faut se tourner vers les roches qui se trouvent sous les calcaires jurassiques. On y trouve des couches de sel. Ces couches de sel se sont déposées dans toute l’Europe lorsqu’elle était une région sèche et aride au cœur du supercontinent Pangée. Ce sel est beaucoup plus faible que les roches environnantes. Ainsi, au lieu de former des tranches de poussée comme celles que l’on crée en pelletant la neige, la couche de sel a fait glisser horizontalement un très gros morceau de roche sur les roches sous-jacentes, pour finalement former une deuxième chaîne de montagnes séparée de la chaîne principale par un bassin plat.

Carte paléogéographique du monde au Jurassique et au Trias, montrant la localisation du Jura.

Utilisation moderne de la géologie

L’un des avantages de cette structure est que le Jura est un excellent endroit pour étudier les roches qui se trouvent sous le plateau suisse. Nous mettons également en œuvre de nouvelles initiatives remarquables en matière de durabilité. Par exemple, la ville de Genève envisage d’utiliser l’eau chaude bouillante qui circule dans les roches jurassiques situées directement sous la ville comme système de chauffage respectueux du climat. Le forage d’un puits à 1 km de profondeur étant très coûteux, les géologues ont d’abord étudié en profondeur les roches qui affleurent au nord-ouest de la ville, afin de comprendre leurs propriétés hydrauliques.

Bien plus au nord, les géologues étudient activement le schiste dit d’Opalinus, formé d’une épaisse couche de boue rouge qui s’est déposée au cours d’une longue période au milieu du Jurassique, lorsque le niveau de la mer était plus élevé. L’enfouissement ultérieur sous des kilomètres de nouveaux sédiments a comprimé la boue pour former un schiste si imperméable que lorsque les chercheurs ont foré pour la première fois, ils ont trouvé l’eau de mer dans laquelle ces argiles s’étaient déposées il y a 170 millions d’années !

Comme il n’y a pratiquement pas de circulation d’eau dans ces roches, elles constituent un endroit idéal pour stocker des matières dangereuses pendant des millénaires : la Suisse a récemment désigné cette formation rocheuse pour stocker les déchets nucléaires, qui se trouvent actuellement dans une installation temporaire qui ne peut servir de stockage que pendant quelques décennies. Bref, le Jura continuera de fasciner les géologues pendant des années encore !

Pour plus d’informations sur le projet de géothermie dans la ville de Genève, consultez le site https://www.geothermies.ch. Pour plus d’informations sur le stockage des déchets nucléaires en Suisse, consultez le site https://nagra.ch.

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