Étape 17 : Vercors

La route du Tour de France traverse aujourd’hui le Vercors, une région riche en géologie. Après tout, il s’agit du GeoTDF. Nous ne serions pas ici s’il n’y avait rien à dire. Dans cette région, la géologie du paysage est à l’origine de hauts lieux gastronomiques et d’événements historiques, à savoir les truffes et les maquisards. Le peloton du Tour de France peut espérer goûter aux truffes noires cultivées dans le calcaire. Ces roches calcaires sont le vestige d’une vaste mer peu profonde qui contient des traces d’occupation par des dinosaures.

Avance rapide dans les temps géologiques. La rencontre des plaques eurasienne et adriatique et la formation des Alpes ont fait disparaître cette mer tropicale. Les forces tectoniques alpines ont plié, faillé et soulevé les couches de calcaire pour former le paysage escarpé du massif du Vercors. Il s’agit d’une forteresse naturelle que la résistance française a utilisée pendant la Seconde Guerre mondiale. Il s’agit d’une histoire de truffes et de maquisards dans le rude Vercors.

Trois châteaux, des truffes à n’en plus finir

Aujourd’hui, le départ de la course est donné à Saint-Paul-Trois-Châteaux, village reconnu pour la qualité de ses truffes. Cet ingrédient, à la base de la cuisine française, a besoin de conditions spécifiques pour se développer. Il a notamment besoin d’un sol riche en calcaire, une roche qui constitue le sous-sol de la région que le peloton va traverser aujourd’hui. Nous avons déjà lu que le vin pousse aussi sur le sol calcaire de Bourgogne(voir étape 7), et aujourd’hui ce sont les truffes. Où serions-nous sans le calcaire ? A Saint-Paul-Trois-Châteaux, les couches de calcaire sont légèrement plissées et le plus souvent plates.

Photographie historique d’un chasseur de truffes et de son fidèle cochon à la recherche d’odeurs de truffes (à gauche). Un maquisard du Vercors regardant les vallées autour du massif (à droite). Crédit : parismuseescollections.paris.fr et INA.fr.

Pendant la course, le peloton du Tour de France suit l’Eygues, un affluent du Rhône, et se rapproche du centre des Alpes. De part et d’autre de la route, les lits de calcaire seront de plus en plus plissés et faillés, formant des pics et des reliefs. L’étape se termine à Super Dévoluy, au pied du massif du Vercors. C’est l’un des exemples les plus remarquables des paysages abrupts créés par la déformation alpine.

La forteresse

Les pentes abruptes du Vercors constituent une forteresse naturelle. Il a servi de bastion à la résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale. Autrefois, un maquisard (nom du résistant dans la région) doté d’un bon flair pouvait espérer agrémenter son repas du subtil parfum des truffes fraîches dénichées dans le sous-sol calcaire. Cette nature calcaire ? Vous l’avez peut-être deviné : le calcaire.

Photographie du paysage accidenté du massif du Vercors, formé de hautes falaises et de vallées encaissées. Crédit : Pinterest – Benoir Beylier.

La mer perdue

De 200 à 66 millions d’années, la région traversée par l’étape actuelle était une mer peu profonde reliée au vaste océan Téthys, l’ancienne mer Méditerranée. Il s’est répandu entre les plaques eurasienne et africaine du sud. Les reconstitutions tectoniques, paléogéographiques et climatiques nous indiquent que la France se trouvait à une latitude plus basse que sa position actuelle. Il était en fait proche de l’équateur. Le climat était donc beaucoup plus chaud.

Les mers tropicales peu profondes qui recouvraient le sud de la France constituent un habitat parfait pour le développement d’une faune et d’une flore marines riches. Dans cet environnement, un large éventail d’organismes calcaires comprenant du plancton et des coquillages s’épanouit. Après leur mort, ces organismes se déposent au fond de l’océan. Ils se sont accumulés et, par compactage et diagenèse (c’est-à-dire les changements physiques et chimiques qui se produisent pendant la transformation des sédiments en roches sédimentaires), ont créé les couches de calcaire qui sont aujourd’hui exposées le long du parcours de la course.

Reconstruction paléogéographique de l’Europe et de l’Afrique du Nord au Crétacé montrant l’extension de l’océan Téthys (en haut). Restauration artistique d’un plésiosaure chassé par un Spinosaurus (en bas). Crédit : wheneuropewasanocean.blogspot.com et Université de Bath.

Plus près de la surface et sur les côtes maritimes, des créatures beaucoup plus grandes occupent les niches écologiques. Ce sont les dinosaures(voir étape 16). Avant l’arrivée des maquisards et des cyclistes du peloton, ces bêtes majestueuses étaient les premiers habitants de la région. Ils nous ont laissé des traces de leur passage sous forme d’empreintes de dinosaures. Les fossiles d’ichtyosaures et de pléisosaures se trouvent dans les couches sédimentaires du Jurassique et du Crétacé.

Des profondeurs

À la fin du Crétacé, il y a environ 80 millions d’années, les plaques africaine et adriatique commencent à converger vers la plaque eurasienne. Il s’agit d’une réponse à l’ouverture de l’océan Atlantique. Il y a environ 40 millions d’années, après la disparition des dinosaures, la plaque adriatique entre en contact avec le continent eurasien. Cette collision crée une grande zone de déformation tectonique : les Alpes. Ce n’est pas la première fois que vous lisez cela, bien sûr. Au cours de cette collision, les mers tropicales du sud de la France ont disparu en raison d’un soulèvement régional d’origine tectonique. Sous l’effet des forces alpines, les couches de calcaire du fond de l’océan sont plissées, poussées les unes sur les autres le long de plans de faille, et transportées en altitude. Nous l’avons également constaté lors de l’étape 4 où nous avons trouvé des roches océaniques sur le Galibier.

Carte topographique en trois dimensions du Vercors et des régions environnantes (à gauche). Coupe structurale du sous-sol du massif du Vercors (à droite). Crédit : Parc Naturel Régional (PNR) Vercors-Chartreuse et Watkins et al. 2017.

Cette déformation tectonique, combinée à l’érosion générée par l’incision des rivières, crée des sommets de moyenne altitude et des vallées abruptes. Ce paysage accidenté donnera, à coup sûr, du fil à retordre aux cyclistes du Tour de France.

Massif du Vercors

Le massif du Vercors est un exemple de l’impact de la déformation alpine sur les couches de calcaire jurassique et crétacé et sur le paysage. Sa particularité géomorphologique, qui a donné naissance à sa forme de forteresse naturelle, réside dans la succession étroite de plis anticlinaux et synclinaux, décalés et superposés par des failles à grande échelle. Dans le jargon géologique, ces zones sont appelées « ceintures de plissement et de chevauchement ». Là, la déformation tectonique fait remonter à la surface des couches de calcaire dur qui résistent à l’érosion. Elle a créé des falaises allongées qui suivent le plan des failles orientées nord-sud.

Les falaises sont des barrières naturelles séparées par des vallées étroites et escarpées, situées au centre des plis tectoniques. Ces vallées sont le seul point de passage de la région. Cela a fait du massif du Vercors une place forte facile à contrôler et à défendre. Cette géomorphologie et cette histoire géologique spécifiques expliquent que le massif du Vercors ait été un bastion militaire stratégique très disputé pendant la Seconde Guerre mondiale et un refuge pour la résistance française. Le maillot jaune pourra-t-il également défendre son avance aujourd’hui dans le Vercors ?

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  • Leny Montheil

    I’m a geologist passionate about the outdoors and the solid-earth processes at the origin of our surrounding natural environment. My work focuses on the influence of tectonic forces on biogeography evolution. I use paleomagnetism, plate kinematics and paleogeographic reconstruction to restore the past motion and position of land fauna dispersal pathways across oceans. I worked in the eastern Caribbean islands during my PhD, a region where South-American land vertebrates dispersed toward the Greater Antilles at the Eocene-Oligocene Transition through a now vanished emerged land. Now, I’m focusing on the paleogeographic restoration of the Tethys Ocean to evaluate the impact of tectonics and climate on a massive Asian fauna dispersal toward Africa, Europe and South America around – 40 million years.

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