On trouve des fossiles tout au long du parcours du Tour de France Femmes mais aujourd’hui on en trouve beaucoup le long du Lot. Nous rencontrons également une pionnière dans ce domaine : la paléontologue britannique Mary Anning.
Le point de départ de cette étape se situe à 125 mètres au-dessus du niveau de la mer à Cahors. Il est niché dans un méandre de la rivière Lot. Cahors est connue pour son pont médiéval fortifié du Valentré, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. De nombreux sites géologiques remarquables jalonnent la rivière Lot entre Cahors et Rodez. Tandis que les coureurs doivent garder les yeux sur la route, les spectateurs peuvent apprécier le paysage à travers la lentille géologique.
Depuis les basses terres du Bassin aquitain et sur le sentier sinueux qui longe les méandres de la rivière, l’itinéraire traverse des sites géologiques spectaculaires taillés dans la pierre. L’un de ces sites géologiques est le chemin de halage de Bouziès, creusé dans les falaises escarpées. Il contient des récits d’un passé lointain où la vie sur Terre oscillait entre la lutte et la prospérité.
Le temps des dinosaures
Les falaises de Bouziès sont constituées de calcaires clairs. Elles se sont déposées dans un bassin marin qui existait à l’époque où les dinosaures et les plésiosaures parcouraient les terres et les mers au Jurassique. La configuration des terres et des mers était alors très différente. Au cours de la période jurassique, le supercontinent Pangée a commencé à se diviser en masses continentales plus petites. Il s’agit de la Laurasie, qui deviendra plus tard l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Asie, et du Gondwana, qui deviendra plus tard l’Amérique du Sud, l’Afrique, l’Antarctique, l’Inde et l’Australie.
Le Jurassique a été une période d’évolution majeure, avec notamment la diversification des angiospermes (plantes à fleurs) et l’apparition des premiers mammifères. Les premiers oiseaux sont également apparus au cours de la période jurassique, notamment l’Archaeopteryx. Il s’agit d’une espèce de transition entre les dinosaures et les oiseaux modernes. Bon nombre de ces animaux mystérieux dont nous connaissons l’existence par les fossiles ont été victimes d’une extinction majeure à la limite entre le Trias et le Jurassique. Et comme souvent dans le passé géologique, la vie s’est réinventée et a recommencé à prospérer. Jusqu’à ce que l’extinction massive suivante se produise à la limite entre le Crétacé et le Paléogène(voir également l’étape 3 du TDF).
L’extinction massive conduit à des fossiles
Une extinction massive est un événement au cours duquel une proportion importante de la biodiversité de la Terre, répartie en plusieurs groupes taxonomiques, disparaît en un laps de temps géologique relativement court.
On considère généralement qu’un tel événement implique la perte d’au moins 75 % des espèces au sein d’un écosystème particulier ou à l’échelle mondiale. Les extinctions massives sont souvent associées à des changements environnementaux catastrophiques tels qu’un changement climatique rapide, l’impact d’astéroïdes, l’activité volcanique ou d’autres facteurs susceptibles d’altérer les écosystèmes de la Terre et de perturber l’équilibre de la vie sur la planète.
Toutes les extinctions massives de l’histoire de la Terre ont entraîné des perturbations majeures du cycle du carbone, de la teneur en carbone de l’atmosphère et des changements rapides de la chimie des océans. L’extinction massive la plus célèbre de l’histoire de la Terre est celle qui s’est produite à la fin du Crétacé. Cela a entraîné l’extinction des dinosaures non aviaires et de nombreuses autres espèces.
Chasse aux fossiles dans le Lot
Au Crétacé, les masses continentales d’Afrique et d’Amérique du Sud, autrefois reliées entre elles, se sont séparées pour former l’océan Atlantique. La région située le long de la rivière Lot a connu ces forces tectoniques. Cela a provoqué une activité karstique intense qui a formé de la phosphorite dans des grottes qui ont créé les conditions parfaites pour une “Lagerstätte” fossile. Par conséquent, des milliers de fossiles sont exceptionnellement bien conservés dans ces roches.
Ces roches et ces fossiles ont enregistré les conditions climatiques et environnementales de l’évolution de la vie. Ils constituent la section de référence européenne pour les époques de l’éocène supérieur et de l’oligocène. C’est pourquoi les Causses de Quercy sont aujourd’hui un Géoparc.
Pionnier : Mary Anning
Après une plongée dans le temps profond et l’humilité de constater que la vie a dû se réinventer à plusieurs reprises à la suite de cataclysmes, nous pourrions porter un regard différent sur le paysage jurassique et sa vie passée enfermée dans la pierre. Il n’est peut-être pas surprenant que la paléontologue duXIXe siècle Mary Anning nous vienne à l’esprit.
Elle est née dans une ville côtière d’Angleterre, qui s’appelle aujourd’hui la côte jurassique. Dès son plus jeune âge, elle a collectionné des fossiles pour compléter les revenus de sa famille. Le talent d’Anning pour trouver, documenter et identifier les fossiles était remarquable. Parmi ses découvertes les plus importantes figurent les premiers squelettes complets d’un Ichthyosaurus, d’un Plesiosaurus et d’un Pterodactylus.
Bien que ses travaux dans le domaine de la paléontologie aient grandement contribué à notre compréhension de la vie préhistorique et à l’établissement de l’échelle des temps géologiques, ses réalisations n’ont pas été pleinement reconnues de son vivant. Elle a dû faire face à des obstacles considérables en tant que femme dans un domaine dominé par les hommes, ainsi qu’à des difficultés financières tout au long de sa vie.
Aujourd’hui, Mary Anning est célébrée pour ses travaux novateurs dans le domaine de la paléontologie. L’héritage d’Anning continue d’inspirer les futures générations de scientifiques. Elle se perpétue dans le site de la côte jurassique, aujourd’hui classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, et est immortalisée dans le virelangue “she sells sea shells by the seashore” (elle vend des coquillages au bord de la mer).