Étape 15 : Des montagnes puissantes

De puissantes montagnes sur la route d’aujourd’hui et lors des nombreuses prises de vue en hélicoptère que nous aurons – si le temps le permet – l’occasion de voir. Les Alpes sont une région de France très photogénique. Comme un être vivant, les montagnes réagissent de différentes manières aux conditions climatiques. Jetons un coup d’œil aux puissantes montagnes et soyons émerveillés par leur beauté. Cependant, il ne faut jamais oublier les dangers qui l’accompagnent.

Nous partons à une altitude de 4 000 mètres où le peloton n’arrivera jamais. Au-dessus de 4 000 mètres, il fait si froid que le sol est gelé en profondeur et ne dégèle jamais. La montagne est gelée et les blocs sont comme cimentés par la glace. En surface, la neige s’accumule et tombe en avalanches ou alimente de grands glaciers. Ceux-ci s’écoulent progressivement vers les vallées ou s’effondrent brusquement lors des chutes de séracs. Les séracs sont des blocs ou des colonnes de glace glaciaire, souvent formés par l’intersection de crevasses sur un glacier. On observe ces risques dans la zone comprenant le sommet du Mont Blanc et les sommets avoisinants.

de puissantes montagnes
La face nord du sommet du Mont-Blanc : La haute montagne au-dessus de 4000m est figée par le froid et les masses glaciaires. Les rares parois rocheuses qui apparaissent sont parfois emportées par des avalanches de neige ou des chutes de séracs.

Aller vers le bas

Entre 4 000 et 3 000 mètres, la température du sol est en moyenne inférieure à zéro Celsius sur l’ensemble de l’année. C’est ce qui définit le pergélisol. Les variations saisonnières de température réchauffent le sol ou les murs de surface pendant la saison estivale. Le pergélisol dégèle alors sur plusieurs mètres. Il crée une couche active dans sa partie supérieure. Cette succession saisonnière se superpose aux fluctuations journalières, avec un regel nocturne. Sous l’effet de ces changements de température, la glace fond puis regèle. Ce processus favorise les chutes de pierres.

Le réchauffement climatique actuel amplifie ce processus en augmentant l’épaisseur de la couche active soumise à cette succession de changements de température. En outre, un plus grand nombre de blocs, dont certains atteignent 300 000 m3, s’effondrent pendant les vagues de chaleur. Cette évolution concerne une grande partie du massif du Mont-Blanc. En 2005, l’effondrement d’un pilier d’un volume d’environ 300 000 m3 a détruit la voie Bonatti, l’une des voies d’escalade emblématiques des Alpes.

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La face ouest de l’Aiguille des Drus. Les effondrements se produisent sous l’effet du changement climatique qui induit un réchauffement de la partie supérieure (couche active) du pergélisol. Photo Robert Bréda.

En cas de catastrophe

En dessous de 3 000 mètres, la température au niveau du sol reste supérieure à zéro. La température a moins d’influence sur la stabilité du sol et des parois rocheuses. Ce sont les précipitations qui contrôlent principalement l’aléa gravitationnel. Lors de pluies intenses, l’eau s’infiltre dans les fissures et provoque une augmentation de la pression sur la roche environnante. Cela augmente la possibilité de chutes de blocs, mais peut également entraîner l’effondrement de murs entiers. Les volumes mobilisés dépassent alors les dix millions de m3 et ces effondrements se propagent rapidement dans les vallées et donnent lieu à des coulées de boue.

Au printemps 1471, un effondrement de la muraille du Dérochoir au-dessus de Passy et du Fayet s’est amorcé à partir de la crête à une altitude de 2010m. Il atteint les Gorges de l’Arve à moins de 800 m d’altitude. Il a entraîné la formation d’un barrage naturel et la création d’un lac. En 1970, un autre effondrement, bien que beaucoup plus petit, a provoqué un autre glissement de terrain qui a dévasté un sanatorium et tué 71 personnes.

Image de la catastrophe en 1970.

Des indices montrant un affaiblissement des masses rocheuses se retrouvent dans l’ensemble des Alpes. Un tel affaiblissement ne conduit pas nécessairement à des événements catastrophiques. Des crevasses s’ouvrent depuis plus de mille ans dans le gneiss situé sur le versant dominant le col des Montets. Elles sont profondes de plusieurs dizaines de mètres et sont à l’origine d’effondrements comprenant des blocs de plus de 1000 m3. Leurs trajectoires ont néanmoins été déviées par une crête secondaire qui constitue ainsi une protection naturelle de la vallée.

Des montagnes puissantes, des risques importants

Les risques gravitaires obstruent régulièrement les voies de circulation. Par exemple, en 2013, la route d’accès au tunnel du Mont-Blanc a de nouveau été coupée pendant plusieurs heures à la suite d’une coulée de débris. Ou plus récemment, en 2019, lorsqu’une étape du Tour de France à Tignes a été interrompue en raison de glissements de terrain et de coulées de boue survenus à la suite d’une tempête très intense. L’étape a été arrêtée par l’organisation de la course et les commissaires. Les écarts de temps au Col de l’Iseran ont été pris. C’est là que Julian Alaphilippe a perdu son maillot jaune au profit d’Egan Bernal. Le Colombien remportera la course cette année-là.

L’Aiguille Rouge du Col des Montets et la haute vallée de l’Arve. De grandes crevasses de plusieurs dizaines de mètres de profondeur découpent des blocs de roche dont la taille dépasse le millier de m3. Ils étaient particulièrement actifs pendant les périodes pluvieuses du premier millénaire de notre ère.

Les montagnes ont toujours été un environnement sensible, régulièrement affecté par des risques gravitationnels. Ceux-ci se produisent plus particulièrement dans certaines régions, tandis que d’autres sont protégées par la configuration du relief et par les conditions géologiques.

Une cartographie de la répartition de ces zones à risque a déjà été réalisée dans les Alpes. Elle se fonde notamment sur la prise en compte des expériences passées. Des études et des systèmes d’observation en continu sur les secteurs les plus sensibles sont actuellement mis en place par les scientifiques et les autorités publiques afin de comprendre et surtout de mieux estimer ces risques. Il est essentiel de prendre en compte ces études pour envisager un développement durable des vallées alpines et ainsi organiser la vie quotidienne dans ces zones où le changement climatique amplifie le risque.

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